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    Depuis quelques années , le dancehall (musique dérivé du ragga, très populaire aux Antilles) , s'est fait une spécialité de la chanson à caractère homophobe.

    Certes, ce genre de chanson existait déjà dans les années 90 (on se souvient du "Makoumé, nou pa ka tcheck sa" *du groupe Nèg'Radikal , de sinistre mémoire, et de quelques autres titres du même tonneau) .

    Mais depuis quelques années, les "artistes" de dancehall ont décidé de faire quelques pas supplémentaires dans l'ignomignie, transformant leurs chansons en véritables appel aux meurtres , criant leur haine des"anormaux" avec la bienveillante neutralité de médias (principalement des radios) pourtant soumis au règle du CSA.

    Quelques perles extraites de ce douteux florilège, avec des indications sur les "artistes" qui en sont les auteurs :

    Empêchés devant moi les hommes et les hommes ne peuvent pas s'embrasser/ Empêchés devant moi les femmes et les femmes ne peuvent pas s'embrasser/ Tout de suite je les chasse comme des Rambo/ Tu peux être sûr qu'ils sortiront blessés/ Ce que je dis c'est ce que je pense moi même je ne suis pas un menteur/ Je ne choisis aucun thème juste pour que je trouve un vag flo/ Ils vont cuire plus que des défauts/ Si tuer les pédés s'était du sex je serais un nympho "

    Ce superbe et délicat moment de poésie est l'oeuvre d'Admiral T, chanteur médiocre, que quelques publicitaires et quelques manipulateurs (mais n'est-ce pas la même chose ?) ont bombardé "héros de la jeunesse guadeloupéene." La jeunesse guadeloupéene, mérite, à  humble mon avis ,bien mieux. Aujourd'hui encore, et bien que ses propos lui aient valu de nombreuses annulations de concerts en France métropolitaine, il jouit encore d'une grande popularité dans les Antilles , et bénéficie en outre de l'amitié du footballeur Lillian Thuram,qui le cite régulièrement en exemple (!) et des membres du groupe Kassav , qui l'ont invité à leur dernier concert, et que ses propos homophobes ne dérangent visiblement pas le moins du monde.

    "Ouais !
    Brûlez tous les bisexuels, les transexuels et les travestis
    De cette mission là je m'investis ** (...)                                                                                                                                                             Tous les jours à la télé tu vois un PD différent
    Ils font de la promotion de PD dans toutes
    les émissions"
    Arrêtez de nous faire croire que les PD c'est normal
    Boom !!
    C'est pas la faute aux vaches si la ferme sent la daube
    Les PD sentent                                                                                                                                                                                                              J'ai pas de combine avec Vincent Mc Doom ,
    coup de fusil sur les PD klik klak boom !!"

    Ces propos d'une intelligence fulgurante***, dont on sent rien qu'en les lisant qu'ils ont jailli d'un cerveau particulièrement évolué , sont dûs à l'immense talent de Krys, polichinelle musical qui est aujourd'hui président de Destination Réussite , association dont le but est d'aider les jeunes en difficulté à réussir leurs études. Question naïve : comment un individu qui possède le QI d'une huître pourrait-il être d'un quelquonque secours à des élèves en détresse ?


    "On a rien à attendre de l'Europe, y'a que des homos là-bas"

    Propos tenus par un pseudo-chanteur connu sous le pseudonyme ridicule de Lieutenant. Par charité, je ne ferais pas d'autre commentaire.

    Le plus grave est que ces supposés artistes s'expriment en toute liberté. Ni les politiques, ni les milieux culturels, ni les médias antillais (comme je l'ai déja dit) ne jugent bon de s'élever contre leurs scandaleux appels à la haine. Le chemin vers une reconnaissance de l'homosexualité dans les DOM (et plus largement dans la Caraîbe) s'annonce long et difficile...

    *Traduction : " Les pédés , on ne tolère pas ça."

    ** On a les missions qu'on peut...

    *** Ceci est bien entendu ironique... 


    2 commentaires
  • Bien qu'elle soit l'invention d'un Martiniquais (M. Louis-George Tin), la Journée Mondiale contre l'Homophobie n'est guère mentionnée dans les médias domiens.

    Dire cela est même un euphémisme : il serait plus juste de dire que l'évenement est intentionellement occulté , voire même, osons le mot ! Censuré. *

    Une censure qui concerne aussi bien les médias (dominants comme France-Antilles ou RFO ou alternatifs comme le Mot Phrasé par exemple ) que les milieux scolaires, culturels ou associatifs.

    Pour une fois d'accord, tous ces protagonistes conviennent qu'il est préférable de garder le silence sur le sujet. La raison ? Leurs réponses varient : les plus modérés disent que "le public antillais n'est pas encore prêt" ; qu'il est nécessaire d' "attendre" (Quoi , et jusqu'à quand ? )

    Les plus homophobes vocifèrent qu'il ne faut pas souiller la pureté antillaise avec "cette perversion venue d'occident" , que l'homosexualité "n'est pas dans notre culture" , et qu'il ne faut pas encourager "le vice, le sexe anormal et le désordre" ; rien que ça !

    Justifions donc le nom de ce journal, et poussons un cri.

    Un cri contre les "artistes" du mouvement dancehall, qui attisent la haine de l'autre et appellent au meurtre des LGBT ; et tout cela dans l'unique but de vendre leurs médiocres albums ;

    Un cri contre la veulerie journalistique et la lâcheté des politiciens, qui abandonnent toute une frange de la population à ses bourreaux ;

    Un cri contre les personnalités du mouvement culturel et celles du monde scolaire ; qui devraient éduquer le public et la jeunesse, leur enseigner les valeurs de tolérance et de respect des différences, mais qui, au lieu de cela, se réfugient au mieux dans un silence coupable, et jouent au pire le jeu des homophobes.

    Combien de jeunes , aux Antilles, en Guyane ou chez nos frères du continent africain , se suicident parce qu'il subissent, quotidiennement, le joug d'une société homophobe et lesbophobe; qui leur explique qu'ils sont des erreurs de la nature, des monstres, des ratés ?

    Combiens d'Afro-Antillais-es transgenre sombrent dans la dépression, face à une société qui ne leur fait aucune place ?

    Va-t-on continuer ainsi ?  Va-t-on laisser de si intolérables discriminations se poursuivre , pour ne pas déranger le confort pseudo-moral d'une poignée d'imbéciles ?

    Non, mesdames et messieurs les censeurs . Un cri a été poussé. Un cri a jailli des profondeurs du sol , ou vous voudriez nous enterrer vivants. Un cri a jailli et vous ne pourrez plus faire semblant de ne pas l'entendre.

     

    * Censure surprenante sur une île qui ne manquent pourtant pas d'éditocrates clamant haut et fort leur indépendance et l'absolue liberté de leur plume. Comprenne qui pourra.


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  • Elie Domota à Pointe-à-Pitre le 9 février

    Avez-vous remarqué , fidèles lecteurs, comme les questions touchant au genre ou à la sexualité sont peu abordées aux Antilles ? Bien rares en effet sont les campagnes contre le sexisme , par exemple; quand à l'homosexualité , n'en parlons pas. C'est à l'évidence un sujet compromettant que ni les politiciens, ni les journalistes , ni les artistes ne souhaitent aborder.

    Cependant, parmi tout ces silences, il en est un qui est plus fâcheux que les autres : celui du collectif LKP.

    Voilà en effet une organisation dont le but, louable et salutaire; est de combattre les abus et l'injustice (et qui l'a d'ailleurs fait avec brio, en dépit des chausses-trappes de certains politiciens guadeloupéens en quête de réelection et de la désinformation systématique des médias nationaux) .

    Cependant, le LKP ne semble guère pressé de combattre de toutes autres formes de pwofitasyons (abus) aussi courantes que celles qui ont cours dans les sphères économiques, et qui ne sont pas moins graves : la misogynie, la lesbophobie, l'homophobie, la violence contre les femmes, l'hétérocentrisme..

    Certes le LKP avait intégré la lutte contre la violence faite aux femmes dans ses revendications; mais uniquement pour la forme ; ce point ne fut jamais discuté.

    Quand à l'homophobie...Parmi les soutiens du collectif, on trouve le sympathique Admiral T, ce grand poète qui appelle, dans ses disques et ses concerts, au meurtre des personnes LGBT.

    Question au LKP : Chaque jour des homosexuels sont battus ou chassés parce qu'homosexuels. Chaque jour, des femmes tombent victime du machisme ambiant. Quand comptez-vous leur venir en aide ?


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  • La canonisation des chanteurs de Dancehall continue. Après Krys, bombardé héros et sauveur de la jeunesse antillaise en perdition, c'est au tour d'Admiral T d'être sous les feux (complaisants) des médias locaux.

    Il fait en effet la une d'un magazine consacré aux "valeurs de la famille" (tout un programme) où il pose avec sa femme et ses deux enfants, et est présenté comme un modèle de "stabillité" et de "réussite."

    Oui, vous avez bien lu : l'homme qui à écrit des chansons appelant à massacrer les gays et les lesbiennes est un modèle pour nous tous ; puisque le journal le dit.

    Au-delà de l'anecdote, cet évènement a au moins le mérite de montrer comment sont considérés les LGBT aux Antilles : comme des sous-femmes et des sous-hommes, que l'on peut injurier, calomnier, menacer, diffamer ou même éliminer sans que cela soit choquant, et sans cesser d'être aux yeux des autres un individu respectable et un "modèle de stabillité et de réussite."

    Qu'il me soit permis, en face d'une "une" de ce genre, d'être à la fois attristé et amer.


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  • "Nou Pli Fô " (Nous sommes plus forts) est le nom d'une campagne de sensibilisation visant les Antilles françaises et  concernant la discrimination dont sont victimes les personnes atteintes du VIH . Des artistes (et notamment Jacob Desvarieux, du groupe Kassav) ont participé à ce projet, dont le slogan est " Si vous êtes contre les discriminations, dites-le."

    L'idée est bonne. En effet, il existe encore dans ces régions une forte stigmatisation des malades, et les préjugés qui les touchent doivent être combattus avec vigueur. Sur ce point , nous sommes d'accord.

    Le prroblème, c'est que cette campagne qui veut lutter contre les discriminations...est elle-même discriminante.

    Pas un seul message, pas une seule affiche, pas un seul spot consacré à la communauté LGBT; pourtant, le sida nous touche aussi (en partie aussi parce que les campagnes de prévention les excluent aussi ; or la sexualité gaie, lesbienne ou trans à ses particularités, qui exige une prévention spécifique. )

    Beaucoup de jeunes lesbiennes aux Antilles ignorent par exemple qu'un rapport non protégé entre femmes peut s'avérer tout aussi périlleux qu'un rapport sexuel non protégé entre hommes, et cette ignorance (que les autorités compétentes entretiennent) les mettent en danger.

    Et pourquoi ce silence coupable ?  Pour ne pas "choquer" la société antillaise et ne surtout pas lui mettre sous les nez ceux de ses enfants qu'elle refuse de voir. Au risque de causer leur perte .

    Aux responsables de "Nou Pli Fô" : Si vous êtes contre les discriminatiions, dites-le !


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