• La piel que habito

     Un coup de gueule pour commencer. La piel que habito de Pedro Almodovar, n'est comme de bien entendu et une fois de plus , pas sorti dans les DOM. Seuls ceux de nos amis ultramarins qui avaient la chance de se trouver en France métropolitaine cet été (ou qui y résident) ont pu le voir.

    Les autres, comme d'habitude, devront attendre la sortie en DVD.

    Il faudra un jour que j'écrive un article sur la censure incroyable dont sont victimes les films, romans et autres productions culturelles à thématiques LGBT en Outre-Mer, censure approuvée par les autorités qui estiment que ces thématiques "ne cadrent pas avec notre culture" et "n'intéresserons pas le public".

    Seul Brokeback Mountain , porté sans doute par son triomphe international, parvint à franchir le barrage et à sortir en salle aux Antilles.

    Mais laissons là (pour l'instant) cette polémique et venons-en au sujet qui nous préocuppe : ce joyau noir que nous livre Pedro Almodovar.

    Adaptation d'un roman de Thierry Jonquet, Mygale , le film peut cependant se lire comme une relecture d'Attache-moi , la présence d'Antonio Banderas (qui fait ici son grand retour dans l'univers d'Almodovar) , et la séquestration d'une jeune femme renforçant cette impression.

    Mais là ou Attache-moi , en dépit de son thème décidément déviant (un jeune homme séquestre une jeune femme dans le but de gagner son amour) , était un film chaleureux qui s'achevait dans une apothéose de lumière , La piel que habito est un film noir et déséspéré. Impossible d'avoir pour le froid et manipulateur docteur Ledgard, mi Pygmalion, mi-Frankenstein, la même sympathie que pour le touchant quoique dérangé Ricki.

    Ici, l'amour, si amour il y a, est si profondément enfoui sous le mensonge et la perversion qu'il en devient indécelable. Cette évolution vers la noirceur était d'ailleurs annonçée par deux des précédents films du cinéaste, Etreintes brisées et surtout La mauvaise éducation.

    Non que le drame, la folie ou la violence n'aient jamais existé auparavant dans l'univers d'Almodovar : il suffit de revoir Matador , Talons Aiguilles ou La Loi du désir pour s'en convaincre.

    Mais elles étaient toujours contrebalançées par l'amour, et chose plus importante, l'espoir.

    Or, cette notion semble avoir totalement disparu de l'univers du cinéaste, dont la vision du monde semble s'être assombrie.

    La piel que habito  est un superbe film. Mais il pourra cependant en déconcerter certains et en déranger d'autres (et ceux même parmi les admirateurs de longue date de l'oeuvre d'Almodovar.)

    A voir, donc, mais en espérant que le réalisateur saura, pour son prochain film, revenir vers plus de lumière...

     

     

     


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